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Barça-PSG: comment le parcage des supporteurs parisiens est devenu une référence en Europe

En quête d'une qualification pour les demi-finales de la Ligue des champions face au Barça mardi soir à Montjuïc (21h en direct sur RMC Sport), le PSG pourra une nouvelle fois compter sur la ferveur de 3.000 supporteurs dans le parcage visiteur. Comme à chaque déplacement européen, les fans parisiens, emmenés par les ultras du CUP, remportent souvent le match des tribunes.

12 février 2019. La date reste gravée dans la mémoire des supporteurs du PSG. Ce jour-là, l’équipe parisienne dispute un huitième de finale aller de Ligue des champions sur la pelouse de Manchester United. Près de 3.700 fans parisiens effectuent le déplacement dans le nord de l’Angleterre. Aucun d’entre eux n’oubliera cette journée de rêve conclue par la victoire des Parisiens à Old Trafford (0-2, buts de Kimpembe et Mbappé). "Tout était parfait", résume Fred, ex-abonné du PSG dans les années 2000 et habitué des déplacements en Ligue des champions.

Du rassemblement à Exchange Square, l’une des principales places de Manchester, jusqu’au trajet en tramway menant au "théâtre des rêves", les supporteurs parisiens mettent le feu comme jamais. Et impressionnent les Britanniques. "Ce sont des scènes incroyables, on peut dire que les supporteurs du PSG ont envahi Exchange Square", rapporte un journaliste pour le Manchester Evening News. Sur les réseaux, les vidéos des fans parisiens en fusion tournent en boucle. "Je n’ai jamais vu ça. On était chez nous", se souvient Lucas, un autre supporteur du PSG présent ce jour là à Manchester. Pour un grand nombre de supporteurs parisiens, cette victoire chez les Red Devils représente toujours leur meilleur souvenir de déplacement. C’est aussi un point de bascule.

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"Avant l’arrivée du CUP, l’ambiance était un peu mollassonne"

En marquant autant les esprits, le parcage visiteur du PSG s’est affirmé comme l’un des plus importants d’Europe. Si Paris a une longue histoire en Coupe d’Europe, il faudra attendre 2016 et le retour des ultras dans les tribunes après le plan-Leproux pour voir le parcage visiteur changer de dimension. Une métamorphose qui se résume en trois lettres: CUP, comme Collectif Ultras Paris. "Avant l’arrivée du CUP, les déplacements n’étaient pas très organisés, c’était un peu familial, l’ambiance était un peu mollassonne. Avec le CUP, on a vu l’arrivée des bâches, des mégaphones, des groupes compacts, se souvient Fred. Longtemps proche des groupes d’Auteuil, ce trentenaire a renoué avec les déplacements motivés par le Collectif Ultras Paris. "Ça a créé une nouvelle ferveur", abonde Lucas, un autre habitué des déplacements du PSG en Europe.

Les joueurs du PSG saluent leurs supporteurs à Old Trafford le 12 février 2019
Les joueurs du PSG saluent leurs supporteurs à Old Trafford le 12 février 2019 © AFP

Avec le cortège, les Parisiens enflamment les villes européennes

Rapidement, d’anciens leaders de la tribune Auteuil font la liaison avec les nouveaux, issus, pour beaucoup, de la K-Soce Team. Une nouvelle dynamique se met en place. Le CUP donne une nouvelle dimension aux déplacements du PSG en Ligue des champions. Les voyages à travers l'Europe s'effectuent avec les six cars à deux étages dont dispose le Collectif Ultras Paris. De son côté, le club missionne toujours même service de sécurité (une quinzaine de personnes) pour accompagner et encadrer les fans.

Au programme les jours de match, un point de rendez-vous est donné sur une grande place avant le départ d'un cortège massif jusqu’au stade (souvent encadré par les forces de police), histoire de faire monter la température, de craquer des fumis et de chauffer les cordes vocales. Les habitants de Madrid, Dortmund ou Manchester s’en souviennent encore… Dans le stade, le CUP occupe la plupart du temps la partie basse du parcage visiteur, ce qui lui permet d’installer ses bâches et d’entraîner au mieux tout le groupe avec lui.

Quand le parcage du PSG pourrit l'échauffement de MU

A l’extérieur, les supporteurs parisiens ont vite compris l’importance des premières minutes passées dans le parcage. Lucas: "Quand on entre dans le stade, pour le premier chant, on crie: "Paris ! Paris !" Il résonne de fou! On donne tout ce qu’on a. Ça me donne des frissons. Et je suis sûr que ça aide les joueurs! Ça donne une force supplémentaire."

Cela peut aussi déstabiliser les adversaires, comme à Old Trafford il y a cinq ans: "On a pourri l’échauffement de Manchester, rembobine Fred. Des mecs comme Pogba, ça se voyait qu’ils étaient perturbés, dès l’échauffement dans leur propre stade !" Le pouvoir de nuisance dépend aussi beaucoup de l’emplacement du parcage. Si celui-ci est idéal en Angleterre, souvent près de la pelouse et d'un but, il est en revanche placé tout en haut du stade au Camp Nou, à Santiago Bernabeu ou à l’Allianz Arena : "C’est dur de se faire entendre", regrette Fred.

Les fans de Liverpool complètement bluffés

Mais qu’importe l’emplacement, l’objectif pour les supporteurs visiteurs, c’est toujours de remporter le match des tribunes. "Pour certains ultras, c’est même plus important que la victoire du PSG", assure Fred. Ce match dans le match, les supporteurs parisiens le perdent rarement. Lors de la campagne européenne 2018-2019, 2.500 fans du PSG impressionnent déjà à l’occasion d’un déplacement à Anfield face à Liverpool (défaite 3-2) pour la 1ere journée de la phase de poules.

"Les meilleurs supporteurs que j’ai jamais vus, ils ont chanté non stop pendant deux heures", écrit Robbie Auton, fan des Reds sur X. John Pearman, responsable d’un fanzine dédié au mythique club anglais (Red All Over the Land) se fend carrément d’un message à L’Equipe: "Si vous en avez l'occasion, félicitez les supporters du PSG pour la manière dont ils ont soutenu leur équipe, et pour le bruit merveilleux qu'ils ont causé. Ils ont également su montrer à quel point ils apprécient Liverpool. Red All Over the Land considère qu'ils ont été magnifiques." Fred se souvient : "Anfield chante mais pas du début à la fin. Ça les a obligé à chanter plus ou à écouter les chants des Parisiens. Là, ils se sont dits, "les Parisiens, c’est solide !"" La rencontre s’est terminée par des applaudissements adressés par les supporteurs de Liverpool aux fans du PSG.

Des chants anti-Marseillais avec des ultras napolitains

Au fil des déplacements, le parcage visiteur du PSG est devenu massif et attractif. Aujourd'hui il est devenu beaucoup plus difficile, notamment sur le plan financier, de se procurer des places (les fans doivent souvent poser des jours de congé). Les plus fervents supporteurs se sont bâtis une solide réputation en Europe au point de trouver aujourd'hui "surcotés" certains publics pourtant réputés bouillants comme ceux Liverpool ou de Dortmund. "On a couché tout le monde. A Dortmund, on entendait que nous", appuie Mathieu, un habitué des déplacements. A Naples, les Parisiens ont tissé des liens amicaux avec certains ultras napolitains. En novembre 2018, pour le retour d’Edinson Cavani à San Paolo (l’ex-nom du stade Maradona), les deux camps ont chanté à l’unisson à la gloire du buteur uruguayen lors de l’échauffement.

Certains ultras napolitains ont aussi pris part au cortège des Parisiens dans les rues de Naples. Eux aussi ont scandé des chants anti-Marseillais. "On a gagné le respect de toute l’Europe, affirme Fred. On est connu pour chanter dès l’échauffement jusqu’à la fin sans interruption. Ça nous a donné du crédit dans les yeux des adversaires. On est hyper respecté à l’étranger. Le revers de la médaille c’est qu’on est parfois attendu comme à Milan où ça a été un peu chaud." La situation n’est pas toujours aussi idyllique.

Les supporteurs du PSG à Milan
Les supporteurs du PSG à Milan © ICON Sport

Défiance, tensions et incidents

Comme en France, le Paris Saint-Germain doit souvent composer avec la défiance des supporteurs adverses : "Quand le PSG vient, tu le vois, ça s’entend, il y a les fumis…", souligne Mathieu. "Le but est de montrer que le PSG, ce n’est pas que le Qatar et l’argent", rappelle Lucas. Les incidents et les bagarres ne sont pas rares comme à Newcastle et donc à Milan cette saison. A Belgrade, où les 500 Parisiens ont été escortés par la police, des cris de singes ont été entendus dans le camp serbe. Ces tensions ne sont pas nouvelles mais elles sont en augmentation depuis plusieurs mois. "Mais ce n’est pas propre au PSG, nuance Mathieu. On voit que ça pète partout en Europe. A Milan, c’est vrai que c’était chaud. Milan c’est costaud, il y a plus une culture du supportérisme, le stade est "géantissisme" et puis avec le scenario du match (2-1), le stade était en folie. On s’est moins fait entendre."

Avec la diffusion de vidéos sur certains sites internet, le climat s’est un peu tendu dans certains pays comme en Italie, mais aussi aux Pays-Bas, en Grèce ou en Turquie, au point de refroidir l’enthousiasme de certains supporteurs du PSG, plus frileux à l'idée de prendre l'avion pour soutenir l'équipe parisienne. Ce ne sera pas le cas mardi au stade olympique Lluis-Companys de Montjuïc où près de 3.000 supporteurs parisiens ont rendez-vous pour le quart de finale retour de Ligue des champions face au Barça. Avec cette fois encore, l’espoir d’éteindre les fans catalans. Et de pousser Kylian Mbappé et ses partenaires dans le dernier carré de la Ligue des champions.

Aurélien Brossier avec Arthur Perrot