FOOTBALL« Un coach incroyable »… Alors, on en pense quoi du magicien Luis Enrique ?

FC Barcelone – PSG : « C’est un coach incroyable »… Alors, on ne les entend plus les haters du magicien Luis Enrique ?

FOOTBALLLa superbe victoire du PSG à Barcelone, mardi, est en grande partie celle de son coach, Luis Enrique, dont les méthodes portent leurs fruits ces derniers mois
Luis Enrique s'est acheté quelques semaines de répit après les critiques du match aller.
Luis Enrique s'est acheté quelques semaines de répit après les critiques du match aller. - Joan Monfort / SIPA
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • La qualification du PSG pour les demi-finales de la Ligue des champions, mardi, face au Barça, doit beaucoup à Luis Enrique.
  • Malgré quelques ratés au match aller, le coach espagnol a su apprendre de ses erreurs pour relever la tête au retour.
  • Ses choix tactiques et sa gestion émotionnelle des grands événements ont changé le visage du PSG cette saison.

Au stade Olympique de Montjuic,

Le football et son microcosme médiatique ont ça de formidable que, peu importe le lieu, les acteurs ou le moment, ils sont en permanence sur un chemin de crête. Il n’y a que dans ce monde que les héros d’hier deviennent les parias de demain (et vice versa) d’un simple claquement de doigts, pour un ballon qui passe la ligne ou ne la passe pas, un rouge qui sort d’une poche de l’arbitre ou ne sort pas.

Ainsi, après cette qualification historique du PSG en demi-finale de la Ligue des champions, et ça sera évidemment la tendance jusqu’au match aller contre Dortmund fin avril, Luis Enrique est passé en deux heures de la pipasse interstellaire au génie créateur de frissons.

Il faut dire qu’au match aller, ses choix farfelus – avec la titularisation de Marco Asensio et la mise sur le banc de Warren Zaïre-Emery – avaient coûté en partie au PSG son immonde première période. Et s’il avait su rapidement admettre ses erreurs, en changeant de joueurs à la pause et en prenant la défaite pour lui en conf' après le match, le garçon n’était pas passé au travers d’un flot continu de critiques (plutôt justifiées).

Mais ce mercredi matin, s’il lisait la presse, il serait ravi de voir que les vestes ont tourné aussi vite que le vent. En alignant un onze plus classique, et grâce au carton rouge d’Araujo sans qui rien n’aurait été rendu possible, disons-le, le coach espagnol est devenu le grand artisan de la remontada parisienne en terre catalane.

Car il faut bien rendre à Lucho ce qui est à Lucho, le bonhomme a bel et bien posé sa patte sur ce PSG et certains de ses choix ont été directement payants mardi soir. Dans la possession, déjà, qu’il estime plus que sa propre mère. Jamais le Barça n’avait eu si peu le ballon en Ligue des champions depuis qu’Opta analyse la compétition, c’est-à-dire dix ans tout pile. 41,4 % à l’aller, 32 % au retour. Mais la touche Enrique va bien au-delà des chiffres, elle s’étend aux hommes et aux esprits.

Vitinha : De Vitiniar à Verrattinha

Critiqué la saison passée, le Portugais de poche est devenu en l’espace de quelques mois l’un des joueurs les plus impactant du Paris Saint-Germain version Lucho. Le coach parisien aura certes mis un peu de temps avant de trouver la bonne formule avec lui, le trimbalant sans cesse à plusieurs postes en début de saison, mais il a fini par lui accorder toute sa confiance ces derniers mois dans un poste de sentinelle qui lui sied à merveille.

Vitinha a fait le tour du quartier de Montjuic après son but.
Vitinha a fait le tour du quartier de Montjuic après son but.  - Joan Monfort/AP/SIPA

Tout en lui donnant une liberté totale pour se projeter vers l’avant et faire parler sa science de la cacahuète, celle qu’on avait aperçue il y a deux saisons du côté de Porto, moins l’an passé avec Galthié. Déjà buteur à l’aller, Vitinha (et son bouc) a de nouveau impulsé la révolte des Rouge et Bleu en envoyant une minasse à la réception d’un corner joué vite en retrait à l’entrée de la surface barcelonaise. Et ça le coach ne l’a pas oublié. Interrogé sur la perf' de Kylian Mbappé en conférence de presse, l’Asturien a vite tenu à basculer sur son petit chouchou. « J’aimerais mettre en avant Vitinha surtout, parce qu’il a lutté, il s’est battu. Il a tant de qualités dans ses passes, sur le but », a-t-il salué.

Un maître zen qui rentre dans la tête des joueurs

C’était une mission que nous pensions impossible, et pourtant… Avant l’arrivée de Luis Enrique, le PSG était connu et reconnu internationalement pour sa propension quasi maniaco-dépressive à faire de la Ligue des champions le seul objectif qui vaille, au point de mettre une pression balourde sur l’ensemble des composantes du club, à commencer par les joueurs, et de banaliser les victoires domestiques. Depuis qu’il est là, la musique a changé.

En choisissant de redonner de la valeur au championnat de France et à la coupe nationale, de par une exigence de tous les instants, Enrique a réussi à (re) concerner son effectif tout au long de la saison, en témoigne ces dix points d’avance en Ligue 1 et cette qualif en finale de Coupe de France, ce qui n’était plus arrivé depuis deux ans, soit une éternité pour le PSG.

Et en C1, la manière qu’il a eue de communiquer de la sérénité à son groupe tout au long de la semaine a été payante. « Il nous apporte beaucoup dans la tactique mais aussi dans la tête, a ainsi assuré Vitinha après la rencontre. C’est important la façon dont il nous fait croire que tout va tourner de notre côté. Il a beaucoup de mérite, il faut le dire : c’est un coach incroyable. » Une semaine plus tôt, avant le match aller, la déclaration de Danilo était sur le même registre : « L’état d’esprit est meilleur, le niveau d’exigence plus élevé. Et ça se voit aussi bien à l’entraînement qu’en match. Même quand les choses ne vont pas bien, on veut relever la tête et confirmer. »

Sur l’ouverture du score barcelonaise, par exemple, le PSG des années passées aurait-il réussi à ne pas sombrer ? Il est permis d’en douter. Mardi, le coach parisien s’est au contraire empressé d’encourager ses joueurs et de les gaver de consignes depuis son banc, avant de carrément bondir sur la pelouse après le rouge d’Araujo pour leur transmettre sa foi en l’exploit à venir. « Nous avons pris un but, mais nous sommes restés intacts dans la mentalité », a apprécié Lucho après la victoire. La fin de match monstrueuse de Marquinhos, aka l’homme au mental en papier mâché, en est la preuve ultime.

Mbappé, tout est pardonné ?

Quant à la gestion de Mbappé, lourdement critiquée après la défaite au Parc, l’attitude du joueur et la sincère accolade entre les deux hommes mardi doivent suffire à faire taire les racontars. S’il a pu être dur avec son meilleur joueur, lequel le lui a parfois bien rendu (coucou le Classique au Vélodrome), celui-ci n’a vraiment pas donné l’impression de lui en tenir rigueur. Et pour Nasser Al-Khelaïfi, croisé en zone mixte avec sa mine des grands jours, mardi, le débat est clos au sujet de Luis Enrique : « C’est le meilleur entraîneur du monde ». Jusqu’à la demi-finale, au moins.

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