Jeux olympiques« Les JO, tous les sportifs en rêvent », confie la nageuse Caroline Jouisse

JO de Paris 2024 : « En France, c’est compliqué de faire du sport et des études », regrette la nageuse Caroline Jouisse

Jeux olympiquesA bientôt 30 ans, Caroline Jouisse, spécialiste de la nage en eau libre, disputera ses premiers Jeux, cet été à Paris
Caroline Jouisse et Oceane Cassignol représenteront la France aux JO.
Caroline Jouisse et Oceane Cassignol représenteront la France aux JO. - SEBASTIEN BOZON / AFP / AFP
Antoine Huot de Saint Albin

Propos recueillis par Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  • Tous les mercredis à 15h30 sur 20 Minutes TV, dans « Vos JO de rêve », un athlète qui disputera les Jeux olympiques ou paralympiques évoque sa carrière.
  • Septième lors des Mondiaux de nage en eau libre à Doha, Caroline Jouisse s’est qualifiée pour les JO de Paris.
  • D’abord spécialiste du 25 km, celle qui s’entraîne désormais à Saint-Raphaël est « redescendue » sur 10 km pour espérer décrocher un ticket pour Paris.

Se retrouver dans les bassins à 6h30 est moins difficile quand on a déjà son ticket pour les Jeux olympiques. Après avoir commencé la nage en eau libre en 2012, Caroline Jouisse (29 ans), qui était notre invitée dans l’émission « Vos JO de rêve » sur 20 MinutesTV, a obtenu son ticket pour Paris lors des derniers Mondiaux de natation, en février à Doha, en finissant parmi les treize meilleures du peloton.

Vous avez été championne d’Europe du 25 km, pourquoi redescendre sur 10 km ?

En 2019, j’ai commencé le circuit de coupe du monde et de coupe d'Europe du 10 km. Et en 2021, je me suis vraiment axée là-dessus, en espérant pouvoir me qualifier pour les JO. Les Jeux, tous les sportifs en rêvent. Après, c’est plus ou moins accessible, et pour moi, je ne pensais pas que ça l’était il y a quelque temps, même si c’était un rêve. Maintenant, c’est fait, c’est chouette.

A bientôt 30 ans, ça représente quoi de disputer ses premiers Jeux ?

Comme je l’ai déjà dit, je suis une fleur qui éclôt tardivement. Faire ses premiers Jeux à 30 ans, c’est quand même rare. Moi, j’ai commencé en 2012 et, sur le circuit, il y a pas mal de filles qui ont commencé en 2008, lors des Jeux de Pékin. Après, c’est une discipline où il faut pas mal d’expérience, parce que les conditions ne sont jamais les mêmes, il faut gérer tous les aspects environnementaux (courant, vent…).

Pour décrocher le ticket pour les Jeux, la sélection a été dure…

Lors de la finale du circuit de coupe du monde à Funchal (Portugal), fin 2023, on était douze Françaises, et il fallait être dans les deux meilleures pour se qualifier pour les Mondiaux, qui permettaient de décrocher un billet pour les JO, si on finissait parmi les treize meilleures. A Funchal, toutes les grosses nations jouaient leur qualif et ça a rendu la course plus compliquée. J’ai donc fini top 2 France et dans le top 13 de la course, ce qui m’a permis d’aborder les Monde plus sereinement.

Vous avez donc terminé septième à Doha. Qu’est-ce qu’il manque pour accrocher un podium ?

Aux Monde, et le staff nous l’avait répété, l’objectif, c’était vraiment le top 13, pour se qualifier pour les JO. Faire une médaille, ça aurait été top, mais il fallait avant tout sécuriser une place pour les Jeux. Et c’est ce qu’on avait en tête avec Océane Cassignol [autre Française qualifiée pour les JO]. Je savais où j’en étais durant la course. A trois bouées de la fin, je suis troisième et je vois des filles me passer, mais je m’en fichais car je savais que j’étais dans les treize.

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Lors de ces JO, votre épreuve se déroulera dans la Seine. Redoutez-vous un peu d’y nager, avec les problèmes de pollution, sachant que le test event avait été annulé l’année dernière ?

On verra bien. Ça fait partie de notre sport de s’adapter, de gérer ces conditions. Ça fait quelques années qu’ils travaillent sur la qualité de l’eau de la Seine, pour que tout soit fait pour qu’on nage dedans. Nous, sportifs, on n’a pas vraiment de questions à se poser. Si on a des pluies, comme l’année dernière, ça sera compliqué, mais on verra bien.

Est-ce dur d’être focus sur les JO quand vous devez aussi, d’un autre côté, chercher des sponsors pour financer votre saison. Une cagnotte a même été lancée…

On est un sport amateur, donc on n’est pas rémunérés comme certains. C’est important d’avoir des partenaires qui nous accompagnent. Après, j’ai besoin aussi que mon cerveau fasse quelque chose, de ne faire que du sport, ça serait difficile pour moi. Je l’ai fait pendant une année, et ça a été ma pire saison. Ça fait deux ans que j’ai mon travail avec Veolia, et mes performances ont vraiment augmenté. Mais c’est vrai qu’à 100 jours des Jeux, c’est dommage d’avoir à trouver des sponsors. Je pensais que ma qualification allait débloquer un peu certaines choses, mais les partenaires que j’ai aujourd’hui sont déjà les partenaires qui m’accompagnaient et croyaient en mon projet. Avoir ce souci financier, c’est toujours dans un coin de notre tête.

Que retenez-vous de vos trois ans passés dans une fac américaine, dans le Mississippi ?

En France, c’est assez compliqué de faire du sport de haut niveau et des études, donc j’ai fait ce choix de partir. Je pense que je n’aurais pas été aussi loin dans mes études si j’étais restée en France. Je suis parti un peu à l’aventure, au milieu de nulle part, avec plein de moustiques, pas du tout dans mon milieu. Le sport est vraiment au centre du projet et les cours se mettent autour, je ne regrette pas. En France et en Europe, on est sur un sport individuel, là-bas, tu nages pour ton université, donc on s’en fiche un peu du temps, c’est la place, marquer des points pour ton université, avec énormément d’engouement, c’est vraiment quelque chose à part.

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