Barça-PSG: "Personne ne doit s’habituer à ça", une supportrice parisienne dénonce des palpations abusives à Barcelone

Que s'est-il passé au moment des contrôles de sécurité au stade de Montjuïc?

Quand on est arrivé aux abords du stade, on a cherché la ligne de fouille des femmes qui était tout au bout et était déjà occupée par les différents supporters. Les femmes passaient par groupe de quatre avec quatre stewards différents pour se faire fouiller. On a constaté en même temps que les fouilles étaient très intrusives, avec des palpations des seins, des fesses et des mains qui passaient entre les jambes. On a dû se retourner faire pareil, c’était très intense.

D’autres femmes ont subi ces mêmes palpations?

Nous sommes plusieurs femmes à avoir eu ces palpations intrusives. Je l’ai constaté parce que j’ai demandé à plusieurs d’entres elles. Ce n'est pas la première fois que ça arrive, c'est déjà arrivé à Lisbonne et à Milan.

Quelle a été votre réaction à ce moment-là?

Sur le coup, on se dit qu’on va se révolter mais en fait on est entourées de policiers. Il y a beaucoup de supporters, des stewards. Il y a du mouvement et sur le coup je suis juste choquée et après énervée, plus que triste. Mais je suis déçue aussi car c'est mon premier déplacement. Je sais qu’il y en a qui s’habituent à ça mais il ne faut pas. Surtout, je reçois beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux, qui disent que dans ce cas-là il ne faut pas faire de déplacements européens. Sauf qu'en fait personne ne doit s’habituer à ça. Ce n'est pour autant que j’irai en tribune lambda ou en présidentielle. C’est juste que tout le monde doit être respecté.

Comment se sont passées concrètement les palpations?

Au moment de la palpation, on se fait vider nos sacs. Certaines se font jeter des souvenirs de Barcelone qu’elles avaient acheté. Déjà, elles étaient un peu étonnées. On se fait saccager nos affaires. On doit enlever manteaux et couvre-chef. Elle commence par les épaules et au lieu de passer la main comme elle doit faire pour les femmes, elle pose ses mains sur mes seins, descend et passe sa main entre mon pubis et mes fesses. J’ai dû me retourner, elle a fait la même chose. C’était bizarre à vivre.

C'était une atteinte à votre intégrité?

Totalement ça. Les palpations doivent être faites dans un certain cadre, elles ne doivent pas être intrusives à ce point. Je n’ai jamais vécu ca dans un autre stade en France. Je suis abonnée au Parc, ce n'est jamais arrivé. A chaque fois que j’y vais, les fouilles sont faites de manière respectueuse. Je ne vois pas pourquoi là sur un match européen ce n’est pas fait de la même façon.

Quelles solutions peuvent être trouvées?

Moi on m’a dit: 't’aurais dû partir'. Mais on doit continuer de dénoncer et de le dire. D’ailleurs, le PSG m’a contactée pour connaître les circonstances. Il faut le signaler. J’ai prévenu les autorités compétentes. J’ai prévenue l’ANS et le Collectif Ultras Paris s’en est saisi avant le match. Il faut continuer de dénoncer. Un moment on va y arriver. Il faut continuer jusqu’à ce qu’il y ait des suites et que l’UEFA réagisse parce que c’est eux qui encadrent ces matchs. Ils doivent instaurer des process respectueux de tous les publics. Ça n'arrive pas qu’aux femmes mais aussi aux hommes, avec des palpations des testicules et même des fouilles anales. Les stewards de sécurité ne sont pas mandatés pour faire ça, jamais de la vie. Ils ne disposent pas du statut qui leur permet de faire ce genre de choses. Il faut taper du poing sur la table.

L'UEFA n'a pas réagi?

L’UEFA a sanctionné le Barca pour d’autres faits survenus au match aller (le club blaugrana a été condamné par l'instance européenne à plusieurs amendes en raison de gestes racistes, de dégradations et de l'usage d'engins pyrotechniques de certains de ses supporters, ndlr). Pour le moment, on n’a pas eu de retour de leur part.

Quelle a été votre réaction au moment des palpations?

Je me suis juste dit que c'était intense. Mais sur le moment, elle, elle ne me regarde pas, elle fait juste son travail. Elle n’a pas une personne en face d’elle mais un spectateur. C'est une personne qui a été briefée en ce sens. Je ne pense pas qu’une femme soit ravie de faire ça à une autre femme. Même à n’importe qui. C’est quand même très violent à vivre. Il y avait la police partout autour, ça fait peur tout simplement, je n'ai pas envie de me confronter à quelqu’un en avant match. J’aurais dû le faire, je regrette de pas l’avoir fait sur le moment, mais j’avoue que ce n'était pas ma première réaction.

Deux jours après, comment vous sentez-vous?

Je suis toujours énervée. Je remercie les médias qui ont pris ce sujet sérieusement, vous êtes en première ligne. L'objectif est de recueillir le plus de témoignages possibles. J’en ai eu deux. L’ANS a mis en place un formulaire, nous aussi avec Her Game Too. J’ai eu un témoignage anonyme et pas anonyme. Il faut qu’on soit le plus possible à parler. Sans plainte, il n’y a pas de suivi. Je suis disposée à porter plainte mais j’aimerais le faire avec d’autres personnes pour avoir plus d’impact. Je suis disposée à le faire et hésiterai pas à le faire si on n'a pas de retour de l’UEFA rapidement.

Ce qu'il s'est passé mardi peut-il vous décourager à effectuer des déplacements dans d'autres stades?

C’était mon premier déplacement européen, à part ça tout s'est bien passé. Que ce soit dans le cortège ou en tribunes. J’ai été avec des supporters géniaux, qui sont venus me parler de façon cool et sympathique. Il ne faut pas avoir peur. On est là pour apprécier des matchs, il faut remettre le sport au milieu de tout ça. C’est malheureux que des incidents externes entachent une aussi belle victoire que celle vécue à Barcelone.