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OM. Pour les minots Daou et Lafont, le baptême du feu s'est fait face à un grand d'Europe

Gaël Lafont est qualifié pour deux demi-finales. Une en Gambardella, l’autre en Ligue Europa.

Gaël Lafont est qualifié pour deux demi-finales. Une en Gambardella, l’autre en Ligue Europa.

Photo Frédéric SPEICH et Franck PENNANT

Marseille

Dans la roue d'Emran Soglo, Raimane Daou et Gaël Lafont ont disputé leurs premières minutes en pro, et tenu la baraque, lors d'un quart de finale européen sous tension contre Benfica.

Héroïque. Un mot sur toutes les lèvres. Un adjectif pour la qualif'. Héroïque, comme Jordan Vérétout, les jambes rongées mais toujours sur le pré. Héroïque, comme Samuel Gigot et Chancel Mbemba, contraints de jouer blessés. Héroïque, comme "Auba" et "Moumba", complices sur le but synonyme de survie. Héroïque, comme Pau Lopez, impérial sur sa ligne. Héroïque, comme ces minots, zéro match en pro, appelés à la rescousse pour sauver les apparences d'une saison gâchée. Raimane Daou (19 ans) et Gaël Lafont (17 ans), deux noms que Jean-Louis Gasset n'aurait jamais sorti de son chapeau, jeudi soir... en temps normal. Un luxe que cet OM s'est trop rarement offert, entre crises sportives, querelles institutionnelles et, dernièrement, une cascade de forfaits (joueurs à l'infirmerie ou non-inscrits sur la liste UEFA).


Lorsque l'entraîneur héraultais a levé le voile sur la compo du match de l'année, l'évidence a ressurgi. Rien ne tourne rond. Pour museler Angel Di Maria, champion du monde et principal danger côté lisboète, l'OM, environ 250 millions de budget, parachute Emran Soglo. Sa dernière (et première) titularisation dans la cour des grands ? Le 18 août 2023, à Metz. Mais, en Moselle, où il a marqué, l'espoir anglais (18 ans) jouait à son poste, milieu gauche. Tous les supporters ont tremblé en apprenant la reconversion, comme latéral, d'un bleu (138 minutes disputées en seniors).

Mais la magie a opéré. D'abord celle qui a ensorcelé Fideo, à côté de ses crampons, puis celle du binôme Gasset-Printant, dont les consignes et encouragements ont visiblement apaisé l'ancien pensionnaire de Chelsea. Sans être transcendant, Soglo a tenu la baraque et, surtout, montré la voie à ses cadets. Un baptême du feu pour deux bizuts, deux minots pur jus. Raimane Daou et Gaël Lafont, l'autre (immense) fierté du peuple marseillais. "Les jeunes ont fait le taf, ce n'était pas facile de commencer en quart de finale de coupe d'Europe, les a d'ailleurs félicités Jordan Vérétout. Je suis très content pour eux, ce n'est que le début de leur carrière."

Invraisemblable, leur présence sur la pelouse l'était de moins en moins au fil des secondes. Lâchés au cœur de la mêlée, ils ont appris le métier avec personnalité. D'abord Daou, sentinelle chargée d'endiguer les vagues portugaises, après dix minutes de jeu en prolongation. Pas une mince affaire. Et pourtant. L'enfant de La Gavotte, passé par le FC Septèmes, Marignane-Gignac et Air Bel, a agi en patron, réclamant sans cesse le ballon et rattrapant même, avec autorité, une étourderie de Leo Balerdi (105). Un sans-faute pour l'habituel protégé de Jean-Pierre Papin, en National 3. Comme un poisson dans l'eau (déjà !), le Comorien (2 sélections) a même grillé la politesse à ses aînés, dans le vestiaire, pour lancer les cris de guerre. Cela ne pouvait pas mieux tomber. Libre le 30 juin prochain, il vient sans doute de convaincre définitivement ses dirigeants de lui offrir son premier contrat pro.

Précieux sésame dont jouit Gaël Lafont depuis deux mois. International français U16 (5 sélections), leader de la génération championne de France U17, actuellement leader de sa poule U19 Nationaux et qualifiée en demie de la coupe Gambardella, il fait partie de ces talents soigneusement couvés. Contrairement à Daou, il semblait destiné, tôt ou tard, à fouler la pelouse de ses rêves. Un objectif accompli plus tôt que prévu, même si cela n'a duré que dix petites minutes. Mais pas n'importe lesquelles... "Il a bien choisi son moment (rires). Il aurait pu démarrer en amical à Beauvais. Mais non, c'est Benfica en quart de finale retour de Ligue Europa. Comme pour Maxime Lopez à l'époque, je suis rempli de fierté, savoure Serge Obre, dirigeant au Burel, le premier club de Lafont. On ne l'a pas beaucoup vu à l’œuvre, mais j'ai surtout reconnu son âme de leader. Par la gestuelle, quand l'équipe était dans le rouge, il a harangué ses collègues, enfin... (il se reprend) des professionnels. Lui, le minot de 17 ans... Pour voir son explosivité et sa grande qualité technique, il faudra encore patienter." Combien de temps ? Seul Gasset le sait.