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OM. Luis Henrique a une carte à jouer

Par T.R.

Luis Henrique  a signé une belle entrée jeudi,  à un poste pourtant étonnant de latéral gauche.

Luis Henrique a signé une belle entrée jeudi, à un poste pourtant étonnant de latéral gauche.

Photo Frédéric SPEICH

Marseille

Dans un rôle inédit de latéral gauche, contre Benfica, le Brésilien a rendu sa meilleure copie sous le maillot olympien. Il doit profiter des nombreux forfaits pour confirmer son regain.

Était-ce bien lui, Luis Henrique ? Ce sympathique Brésilien, paralysé par la peur. Ce jeune attaquant (22 ans), broyé sous la pression marseillaise. Ce "joueur du futur", orphelin de ses talents. Ce même Luis Henrique qui s'est présenté en dernier, jeudi minuit, pour envoyer l'OM au paradis. Après être apparu tant de fois dépressif, faute de spontanéité, détermination et fantaisies, l'Auriverde s'est soudain métamorphosé.

Marchant d'un pas décidé, il a saisi le cuir, puis rejoint le point... en jonglant avec ses épaules. Certes ce n'était là que le quatrième penalty, l'échec n'aurait condamné personne. Mais il fallait du cran pour exécuter la sentence devant 63 510 fadas. Ce même public railleur à son égard et qui n'avait guère confiance en lui. Lui, peut-être pour la première fois depuis son arrivée en Provence, en débordait. Décontracté, malgré son regard de tueur à gages, il s'est élancé pour fusiller Anatoliy Trubin. Une autre rafale, cette fois mimée avec les mains, en direction des siens. Pour célébrer, et ponctuer, son plus beau fait d'arme à l'OM (65 apparitions, 2 buts, 6 passes décisives). "Quand on a désigné les tireurs, les joueurs en confiance se sont mis en avant et Luis Henrique a été dans les premiers, a révélé Jean-Louis Gasset. Je suis content pour lui, parce que je le trimballe, je le mets à gauche, à droite, derrière. C'est mon couteau suisse. Il est un peu critiqué mais c'est un bon petit."

Un "bon petit" qui venait, sans doute, de rendre sa meilleure copie... à un poste inédit. Propulsé latéral gauche à l'heure de jeu, après le pépin physique d'Emran Soglo, lui-même remplaçant de fortune de Quentin Merlin (blessé) et Ulisses Garcia (non-inscrit), Luis Henrique devenait le quatrième membre d'une défense farfelue. Au fil des minutes, de ses prises d'initiatives (enfin !), débordements et ouvertures soignées (notamment pour "Auba", en prolongation), le natif de João Pessoa, sérieux pour contenir Angel Di Maria, a chassé les doutes et même épaté la galerie. Comme un certain Doria, sept ans plus tôt, exilé dans cet étrange couloir où les parias brésiliens deviennent des magiciens. L'un avait saupoudré Lyon en coupe de France, l'autre Benfica en Ligue Europa. Un coup d'un soir pour le premier. Et pour Luis Henrique ? "Un déclic", promet son entourage.


"C'est un joueur qui a besoin de courir beaucoup pour se sentir en jambes. Jouer latéral ou piston, ça lui va comme un gant. Il est aussi plus efficace quand il a le jeu face à lui, plutôt qu'avoir un défenseur constamment sur le dos, insiste le champion de France 2010, Fabrice Abriel. Le fait d'être éloigné du but, ça lui enlève de la pression. Quand il est proche de la surface adverse, on voit qu'il réfléchit trop, il ne sait plus quoi faire. C'est habile de la part de Gasset de l'utiliser ainsi pour lui rendre confiance, petit à petit. Le coach a raison d'insister, car s'il s'épanouit, il peut devenir un joueur très intéressant pour l'OM."


À voir comment le numéro 44 se comportera ce soir à Toulouse, où il devrait retrouver un rôle plus naturel, sur le front de l'attaque, suivant la rotation imposée par les nombreux forfaits. Une énième adaptation pour le "couteau suisse", déjà aligné ailier, relayeur, piston (des deux côtés) et latéral depuis son retour de prêt en janvier. Une énième chance de s'imposer à l'OM, alors qu'il aurait dû définitivement le quitter cet hiver. Ses dirigeants, séduits par sa pige au Brésil, espéraient que d'autres le seraient. Du moins suffisamment pour poser 8 millions d'euros, environ, sur la table. Soit la somme déboursée en septembre 2020 pour enrôler l'espoir de Botafogo. Pablo Longoria n'ayant eu droit qu'à des propositions de prêts avec option d'achat (aux alentours des 5 M), lui a donc "ouvert la porte" du club, en fin de mercato. Une offre de prolongation, restée sans réponse, a même été transmise à celui dont le contrat expire en juin 2025. Lui, qui s'imaginait, en tout début d'année, rentrer au pays.

Par la force des choses, Luis "le fainéant" Henrique a donc dû cohabiter avec Gennaro Gattuso, avant de retrouver le sourire au contact de Jean-Louis Gasset. "Il est très heureux de travailler avec lui. Il ressent beaucoup d'affection et souhaite lui rendre", glisse un proche. Après plusieurs actes manqués, malgré un but inscrit à Clermont, l'Auriverde a fini par le remercier. Au meilleur moment, en propulsant son équipe dans le dernier carré de la Ligue Europa.