Voile : « Je prends beaucoup de plaisir sur ce bateau »… Samantha Davies ambitieuse mais sans pression pour The Transat

Elle a été la première à choisir cette option. En s’éloignant de l’île de Groix pour aller chercher le vent, Samantha Davies avait choisi de faire parler sa science de la mer. Réputée fine tacticienne, la navigatrice britannique s’est heurtée, comme les autres concurrents de cette parade, à la pétole. Mardi, la skipper d’Initiatives Cœur a laissé le meilleur temps de ce petit tour de chauffe à Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) et au revenant Charlie Dalin (Macif). Qu’importe. L’essentiel était bien ailleurs pour Sam Davies. « C’était ma dernière sortie avec l’équipe avant de me lancer en solitaire. Ça fait toujours bizarre, mais j’ai hâte de partir », confiait la navigatrice sur le chemin du retour vers le port de Lorient.

Le grand départ de The Transat CIC aura lieu ce dimanche à 13 heures depuis son fief d’adoption du Morbihan pour une course dans l’Atlantique nord qui reprend l’esprit de la Transat anglaise. Selon les conditions météo, les meilleurs skippers de la classe Imoca pourraient rallier New York en huit jours. Samantha Davies pourrait-elle en faire partie ? Elle ne se l’interdit pas.

« Il y a des bateaux plus rapides »

Lorsqu’elle regarde la flotte qui navigue autour d’elle, l’expérimentée skipper d’Initiatives Cœur pose un regard lucide. « Il y a des bateaux qui sont meilleurs, plus rapides. Mais je peux avoir des ambitions. Parce que j’ai un bateau qui est récent et donc très performant, il va vraiment vite. Mais aussi parce que moi, je n’ai pas de pression. Il y a des concurrents qui doivent absolument terminer ou faire un bon résultat pour être qualifiés pour le Vendée Globe. Moi, je n’ai qu’à prendre le départ pour être qualifiée. Alors oui, je peux aller chercher les performances même si j’estime que je ne peux pas aller aussi vite que Jerem' par exemple (Jérémie Beyou, skipper de Charal) ».

Depuis un an et demi, Samantha Davies profite d’un plaisir que certains skippers ne connaîtront jamais. Elle manœuvre un bateau tout neuf, qui a été conçu pour elle et n’a jamais navigué autrement qu’entre ses mains. Un luxe. Sorti tout droit d’un chantier en Hongrie, son Imoca a été presque entièrement conçu par son équipe, dans un étroit hangar du port de Lorient. Pendant des mois, les techniciens et ingénieurs ont travaillé nuit et jour pour mettre sur pied l’un des plus beaux bateaux de la flotte qui prendra le départ du Vendée Globe en novembre. Pour elle, il aura un goût de revanche après son abandon en 2020.

« C’est presque limite au niveau de la préparation »

En s’alignant sur The Transat, Sam Davies ambitionne surtout de poursuivre la prise en main de son nouveau monocoque rouge. « On part tôt dans la saison donc c’est presque limite au niveau de la préparation. Je sais que ça va être difficile car ces bateaux sont puissants, très rapides, mais en même temps fragiles. Je prends beaucoup de plaisir avec lui », assure-t-elle avec son petit accent anglais.

Derrière les quelques favoris, la navigatrice espère « un bon résultat » qui serait pour elle « entre la 5e et la 10e place ». Ses dernières sorties sont dans cette veine. En 2023, elle a enchaîné les belles performances, terminant 5e de la Transat Jacques Vabre et 6e du Retour à la base. Peut-elle viser plus haut comme lorsqu’elle avait bouclé son premier Vendée Globe à la 4e place en 2008 ? « La victoire, ce n’est pas que gagner la course. Je navigue pour faire des performances mais je suis réaliste. Il y en a qui vont plus vite. Et moi, je suis sur le bateau Initiatives Cœur donc je navigue surtout pour une cause, pour sauver des enfants », rappelle-t-elle avec son enthousiasme habituel.

La petite chouchoute des enfants

Très appréciée et respectée dans le monde de la course au large, Samantha Davies est aussi la navigatrice la plus populaire auprès des enfants, qui sont des milliers à suivre ses exploits avec leur école. « J’ai toujours eu un suivi énorme par les jeunes. Ça me fait énormément plaisir que des profs puissent en parler avec leurs élèves, que ça leur permette de voyager, de suivre les courses. J’ai adoré l’école et j’ai eu la chance d’avoir une super éducation. Si je peux contribuer à ce que les enfants s’y intéressent, alors je serais très touchée ». Dimanche, celle qui fêtera ses 50 ans cet été bataillera au milieu d’une flotte de 33 Imoca. Preuve de l’exceptionnel attrait des monocoques de 60 pieds.