La chronique de Christophe Franken : la chute programmée du club sans visage
Eupen est quasi condamné à la Challenger Pro League, dans l’indifférence générale et après huit saisons qui ne laisseront pas une grande trace.
- Publié le 29-04-2024 à 15h48
Eupen peut mathématiquement encore espérer se sauver grâce au succès de Courtrai au RWDM dimanche soir. Mais il n’y a plus que les calculettes qui y croient. Après un étonnant 10 sur 15 pour commencer la saison, le club germanophone n’a fait que chuter. Avec une stat abominable : 4 victoires sur les… 29 rencontres suivantes. Les Pandas d’Eupen n’ont pas le même succès que ceux de Pairi Daiza, c’est un euphémisme.
Dans le joli petit centre de la ville liégeoise, il n’y a pas de tristesse. Juste quelques discussions au comptoir des quelques bars ouverts. L’AS Eupen va descendre en Challenger Pro League dans l’indifférence générale. Pour beaucoup, cela ne restera qu’un déplacement trop lointain qui avait perdu son exotisme made in Bundesliga au fil des huit saisons dans l’élite. Mais même à Eupen, la future relégation n’est pas vécue comme un drame.
Vendredi lors de la défaite contre Charleroi au Kehrweg, dans ce qui ressemblait au match de la dernière chance, la ville ne s’était pas mobilisée pour remplir des tribunes où il y a toujours eu plus de vent que de soutien. Et quand Bialek a réduit le score en fin de partie, il n’y a même pas eu de rébellion. Ni dans les gradins, ni sur la pelouse. L’équipe n’a pas mis la pression, le gardien Slonina n’est pas monté sur les ultimes phases arrêtées. Comme s’il n’y avait déjà plus de vie.
Personne n'était là pour créer une âme dans ce club sans pression.
Il faut dire que le club n’a pas fait grand-chose pour créer un esprit conquérant. En Pro League, Eupen est le club sans visage. Personne dans la direction n’incarne le pouvoir. Le président s’appelle Tariq Abdulaziz Al Naama, un Qatari notamment actionnaire d’Aspire. Dans le comité directeur, il y a aussi Jassim Al Ansari et l’ancien attaquant australien d’Everton Tim Cahill. Des fantômes au Kerhweg.
Le pouvoir décisionnel est dans les mains d’un Allemand, Andreas Bleicher, lui aussi membre d’Aspire et totalement inconnu du grand public. Ce qui a amené une belle dose de Bundesliga ces dernières années (trois des quatre derniers entraîneurs étaient Allemands : Krämer, Storck et Kohfeldt). Mais sans créer d’âme dans le club. Sans donner l’envie aux supporters de pousser leur club. Sans installer une pression positive.
Eupen revendra-t-il dans l’élite un jour ? Personne ne le sait parce que personne ne connaît les plans des propriétaires avec ce club qui n’est vu que comme un relais. Dans cette incertitude qui n’empêche personne de dormir, on retiendra juste les quelques beaux moments offerts par les Pandas. La surprise de voir Claude Makélélé sur le banc (2017 à 2019), la classe de Luis Garcia et les dribbles d’Henry Onyekuru, qui restera la plus grosse vente du club (8 millions à Everton). C’est peu mais déjà ça.