La chronique de Mathieu Istace : Pinto da Costa, la fin d’un règne de 42 ans à Porto
Une chronique de Mathieu Istace
- Publié le 29-04-2024 à 17h31
À l’heure où les demi-finales de Ligue des Champions s’annoncent passionnantes, je m’en voudrais de ne pas revenir en quelques lignes sur le parcours d’un président qui a marqué l’histoire du football de son pays, le Portugal, mais avant tout de son club, le FC Porto. Après 42 ans (!) à la tête des Dragons, Jorge Nuno Pinto Da Costa n’est plus le patron des Portistas depuis ce week-end. À 86 ans, la raison aurait voulu que le plus grand dirigeant de l’histoire du club pense à passer des jours heureux en bord de Douro, plutôt que de se présenter aux élections face à l’outsider à la vision moderne André Villas-Boas. Mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté d’un homme qui a remporté 69 titres avec son club. Un record qui n’est pas près d’être égalé, n’en déplaise aux richissimes structures du football mondial.
Les plus anciens se souviendront de l’inspiration légendaire de Madjer face au Bayern de Jean-Marie Pfaff en finale de la coupe des clubs champions un soir de mai 1987. Plus proche de nous, mais il y a vingt ans déjà, Porto remportait une autre finale de C1 face à Monaco, lançant définitivement la carrière de José Mourinho. Pinto Da Costa a toujours eu l’art de faire les bons choix sportifs et surtout de savoir s’entourer. Comment ne pas penser d’ailleurs aux nombreux Belges (Demol, Defour, etc.) qui ont croisé sa route tout au long de ses années ? Le plus influent a sans conteste été Luciano D’Onofrio.
C’est un livre d’histoire qui se ferme à tout jamais au Portugal.
Manager du club dans les années 80, le Liégeois a toujours prodigué ses bons conseils au boss du FC Porto au fil des décennies. Ce n’est pas pour rien non plus que l’amitié entre les deux hommes est aussi forte aujourd’hui que celle entre Pinto Da Costa et Sergio Conceicao, prolongé à quelques jours du scrutin alors que toute la presse portugaise l’annonçait en partance. Un dernier coup stratégique d’un président qui se pensait éternel, mais qui s’est fait damer le pion par son ancien coach, André Villas-Boas, le nouvel élu des socios.
Vous l’aurez compris, ce n’est pas une page d’un grand club de football européen qui se tourne, mais c’est un livre d’histoire qui se ferme à tout jamais au Portugal. On y pensera ce soir au coup d’envoi de Bayern Munich – Real Madrid, deux monstres sacrés du football mondial, mais qui ont souvent dû courber l’échine face au FC Porto de Pinto Da Costa, dernier club du subtop européen à avoir remporté une C1. Un scénario qui paraît improbable de nos jours.