LIGUE DES CHAMPIONSA tout miser sur les matchs retour, Paris joue avec le feu

Dortmund – PSG : A tout miser sur les matchs retour, Paris joue avec le feu

LIGUE DES CHAMPIONSLa défaite du PSG à Dortmund (1-0) en demi-finale aller de Ligue des champions n’a rien de catastrophique. Sa gestion des 90 premières minutes est en revanche préoccupante
A l'image de l'équipe, Mbappé est branché sur courant alternatif en Ligue des champions
A l'image de l'équipe, Mbappé est branché sur courant alternatif en Ligue des champions - Bernd Thissen/AP/SIPA / SIPA
William Pereira

William Pereira

L'essentiel

  • Comme en quarts de finale, le PSG a perdu son match aller sur la pelouse du Borussia Dortmund (1-0).
  • Le PSG s’est habitué à ne livrer bataille qu’au match retour des éliminations directes, Luis Enrique demandant à ses joueurs de tout donner au Parc des Princes et comptant sur le soutien des supporteurs pour renverser le Borussia Dortmund.
  • Cette stratégie de ne pas jouer à fond dès le match aller pour mieux surprendre ensuite est risquée, et Paris pourrait bien finir par le regretter.

De notre envoyé spécial à Dortmund,

Dans notre course désespérée entre la tribune presse et l’auditorium du Signal Iduna Park en quête de wifi, juste après le coup de sifflet final, on tombe par hasard sur deux confrères lancés dans un débrief à chaud de la défaite parisienne. L’un pose la main sur l’épaule de l’autre en lui disant : « Remontada, t’inquiète pas. Ça va le faire. » Sentiment étrange que d’éprouver une forme de sérénité après un résultat négatif, même s’il ne nous est plus étranger depuis le quart de finale aller de Ligue des champions contre le FC Barcelone (défaite 3-2 au Parc). Il semble désormais acquis que le Paris Saint-Germain n’a pas besoin de tout donner pendant les 90 premières minutes d’un match à élimination directe pour s’en sortir. Rester en vie après l’aller est la seule exigence que s’impose cette équipe décomplexée.

Interrogé sur les motifs d’espoirs du PSG avant le retour au Parc des Princes, mardi prochain, Gigio Donnarumma répond que c’est « parce qu’on va tout donner pour aller en finale ». Sous-entendu que ce n’était pas le cas ce mercredi (surtout en première période). En fait, Paris en Ligue des champions, c’est une série des années 90 au script aussi mal écrit que prévisible, un truc pas ouf, genre les Power Rangers.

- Le méchant apparaît

- Il se fait battre par les gentils

- Ah mais non, il se relève, en fait il n’utilisait qu’un quart de sa puissance.

Le caractère du PSG trop dépendant de Luis Enrique ?

Il faut aussi voir les arguments avancés par les Parisiens pour justifier cet optimisme. En dehors du nombre d’occasions que les joueurs de Luis Enrique se sont procurées, seul motif de satisfaction valable ex aequo avec les prises de balle soyeuse de Vitinha, le reste relève de l’intervention divine. Les joueurs s’en remettent à leur entraîneur, à l’image de Marquinhos. « Je suis sûr que le coach va nous montrer des choses qu’on n’a pas bien faites et qu’on peut améliorer. » Il est d’ailleurs inquiétant de constater que le mode conquérant de l’effectif est dépendant du général Enrique, lequel regrettait mercredi le « manque d’intensité [de son équipe] en première période » mais constatait du « mieux en seconde période ». Combien de fois les joueurs ont attendu les remontrances de leur entraîneur à la pause pour se montrer sous leur meilleur jour ?

Pour le retour, l’Espagnol mise quant à lui tout sur les supporteurs : « il y avait 3.000 supporteurs parisiens ce soir et il y en aura plus de 45.000 mardi au Parc des Princes, on va aller chercher cette finale, on n’a plus rien à perdre ». Ok alors Lucho, on adore le virage Auteuil, et c’est super de leur demander une réaction d’orgueil après la leçon prise contre le mur jaune, mais si la seule stratégie pour le retour consiste à tout miser sur un tifo Star Wars, et trois quatre fumis pour faire tousser papy Hummels, les fans du Borussia peuvent déjà réserver leur nuit d’hôtel à Londres le 1er juin.

Plus lourde sera la chute

Dans le même genre, on a bien aimé l’analyse de la configuration du match retour par l’Espagnol. « Je suis sûr que ce sera la première fois que le Borussia va jouer le deuxième match à l’extérieur et pour nous ce sera la première fois qu’on jouera à la maison au match retour, ce sont des scénarios différents. » C’est censé prouver quoi ? En quoi un truc nouveau pour les deux équipes pourrait jouer plus en faveur de l’une que de l’autre ? Bref.

Au fond, il est normal de chercher à tout prix le positif une fois le mal fait pour le corriger. Mais institutionnaliser le fait de reculer pour mieux sauter expose à l’échec. Il y aura bien un moment où le PSG tombera quand même dans le fossé. Ça serait bête que ça arrive face à un Dortmund séduisant offensivement mais friable en défense. Ah oui, une dernière chose. En cas de qualification, une finale attend les Parisiens. Plus d’aller, plus de retour. 90 minutes (120 tout au plus) à jouer à fond, sans calcul. Paris en est-il vraiment capable ?

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