OM – Atalanta Bergame : Peut-on encore voir une demi-finale de Coupe d’Europe en rentrant gratuitement au Vélodrome ?

Une petite bise à un copain, on enjambe une première rubalise, on se baisse sous une seconde, on dépose un truc à la consigne. Et voilà le premier contrôle des billets dépassé, sans pour autant avoir un sésame d’entrée. La fouille est bien effectuée, et il faudra désormais gruger au tourniquet. Comme ces quelques supporteurs, dimanche soir contre le RC Lens (2-1), ils seront plusieurs à tenter d’entrer de cette façon au stade Vélodrome pour la demi-finale aller de Ligue Europa entre l’Olympique de Marseille et l’Atalanta Bergame, ce jeudi soir (21 heures).

Le volcan du boulevard Michelet sera bien évidemment à guichets fermés pour ce rendez-vous européen, les places non réservées aux plus de 40.000 abonnés cette saison sont parties en quelques heures. Pour ceux qui n’en ont pas et veulent absolument assister au momentum de cette saison à domicile devront donc se débrouiller. Comme en quart de finale contre Benfica (1-0, TAB 4-2), déjà. « Contre Benfica, c’était abusé il y avait énormément de monde sur les côtés. Tu avais 50, 100 personnes qui attendaient près des consignes. Ils rentrent par là, sans billet, mais se font quand même fouiller. Ça se voit à tous les matchs, même si contre Nice [trois jours avant] il n’y avait quasiment personne », confie un abonné du virage nord, qui préfère garder l’anonymat.

« La base, aller bâcher avec les groupes »

Un tour de passe-passe entre amis, encore différent des petits arrangements entre revendeurs de places et stadiers, relaté par France Bleu. Selon un témoignage recueilli par la radio locale, « il peut y avoir 1.000, 2.000 [supporteurs en plus sans billets], voire plus sur les gros matchs et par virage ». Une information parfaitement ridicule selon l’Olympique de Marseille, qui n’a pas attendu l’article de France Bleu pour procéder à des vérifications. Après des heures et des heures de visionnage des caméras de sécurité du match contre le PSG, il est vite apparu comme impossible que 200, voire 300 supporteurs, puissent entrer de manière abusive dans les tribunes du Stade Vélodrome. Et au moindre doute sur un personnel de sécurité, des dispositions sont prises.

Il reste néanmoins tout à fait possible de trouver une combine pour assister gratos à une demi-finale de Coupe d’Europe à Marseille, au-delà de récupérer un abonnement à une personne qui ne pourrait pas venir au stade. « La base, c’est d’aller bâcher avec les groupes tôt dans l’après-midi et ensuite de rester dans le virage jusqu’au match », abonde un abonné du virage sud. Une technique bien connue du club, comme des habitués des virages, et qui ne gêne finalement pas grand monde : en échange d’un petit service pour le groupe et le club, tu peux encourager ton équipe gratuitement.

L’orgie d’OM-PSG l’an passé

Des combines, mais aussi des arnaques. Et plus spécifiquement lors des matchs de Coupe, avec des e-billets plutôt que les traditionnelles cartes d’abonnement difficilement falsifiables. Comme lors du match de Coupe de France entre l’OM et le PSG, la saison dernière. « Certains vendent leur e-billet à 100 personnes, et c’est la première qui viendra qui pourra entrer. Pour les autres, c’est baisé. C’est ce qui s’est passé contre le PSG, ça a fait un énorme bordel au guichet parce qu’il y a eu beaucoup d’arnaques, les gens se sont agglutinés et au bout d’un moment, c’est parti en couille. Les gens ont forcé, des petits ont essayé de gratter et les stadiers se sont fait dépasser. Du coup, des centaines de personnes ont enjambé les tourniquets et on devait être pas loin de 80.000 dans le stade ce soir-là, sans faire le Marseillais », relate un témoin.

Depuis l’OM a séparé l’entrée de la tribune Jean-Bouin et du virage Nord, par le boulevard Michelet, de celle de la tribune Ganay et du virage sud ; via Dromel. Afin de limiter l’afflux de supporteur uniquement par Michelet, et de se retrouver dans ce genre de situation.

« Ne pas sortir son e-billet avant le premier portique »

Ce qui n’empêche pas certains « petits » de continuer de gruger, toujours lors des matchs de Coupe, avec les e-billets. « Je dis souvent aux gens de ne pas sortir leur billet avant le premier portique, parce que des petits les prennent en photo. Il suffit d’avoir le numéro du billet, pour aller sur un site et générer un code-barres qui te permet ensuite de rentrer. Les petits traînent, et dès qu’ils voient quelqu’un sortir son billet sans faire gaffe, ils le prennent en photo. Pas besoin que la photo soit nette avec la technique du code-barres », ajoute le supporteur du virage nord.

D’autres font preuve de beaucoup moins de filouterie, et se contentent de coller les personnes qui les précèdent pour rentrer avec elles. Une technique plus classique, comme celles plus anciennes qui consistaient à passer par les échafaudages lorsque le Vélodrome était en travaux, ou par le métro aérien entre le rond-point du Prado et Dromel. Mais les accès sont de plus en plus sécurisés, et les « serial-grugeurs » doivent désormais innover.

Quatre matchs de Ligue Europa « gratuits »

La politique tarifaire de l’OM est pourtant assez avantageuse pour les supporteurs, d’autant plus cette saison. Si le prix de l’abonnement a augmenté de 10 euros en début de saison, il a permis aux supporteurs de l’OM d’assister sans supplément à tous les matchs de la phase finale de la Ligue Europa : Le Shaktar, Villarreal, Benfica et désormais l’Atalanta.

Mais dans une ville qui compte l’un des arrondissements les plus pauvres de France, et avec l’Olympique de Marseille comme religion, rien d’étonnant à voir certains irréductibles continuer de tenter de rentrer à l’œil au stade Vélodrome. Comme un dernier vestige du foot populaire à l’heure des stades modernes et impénétrables, situés toujours plus loin des centres-villes.