Comment Kasper Dolberg s’est transformé cette saison à Anderlecht : “Avant, je n’aimais pas faire le sale boulot”
Kasper Dolberg (26 ans) a évolué cette saison, mais compte bien terminer sur un titre et quelques buts supplémentaires.
- Publié le 04-05-2024 à 03h00
“Monique est en congé”, lance Brian Riemer. L’introduction de notre grande interview avec Kasper Dolberg est surprenante, mais pas illogique. Lors de la réception de l’Union en début de playoffs, Kasper Dolberg avait dédié son but à l’employée de l’accueil de Neerpede qui lui avait demandé de marquer.
Heureusement pour les Mauves, l’attaquant danois est l’opposé du gars qui se soucie de ce genre de choses. “Tu critiques Kasper, il te regarde, hausse les épaules et dit ‘OK’, se marre Brian Riemer pour résumer le flegme de son attaquant. Une mentalité comme la sienne est cruciale. Il enlève une partie de la pression des épaules de ses équipiers.”
Hoodie sur le dos, chique en bouche et menton pointé vers le plafond, il n’avait pas l’air bien stressé par les attentes le concernant. Est-il je-m’en-foutiste pour autant ? Pas du tout. Tous les échos à son sujet sont positifs. Il est parmi les chouchous des employés du club. On confirme que son image froide sur le terrain est à l’opposé de ce qu’il dégage au quotidien. Dolberg vit dans une bulle où seuls sa famille et le terrain comptent. Et c’est d’autant plus vrai en ce mois de mai.
Pouvez-vous décrire l’ambiance qui règne dans le vestiaire d’Anderlecht ?
“Nous avons eu une semaine assez normale en fait. On sent une certaine forme d’excitation, car la fin de championnat approche, mais à part ça, l’ambiance est bonne.”
Que devez-vous faire pour aller chercher le titre ?
“Commençons par gagner dimanche, c’est la priorité pour nous. Nous ne faisons pas trop attention aux semaines qui suivent.”
Cela veut dire gagner à l’extérieur. Ce que vous n’avez pas encore fait…
“Nous devons amener l’intensité dont nous sommes capables à domicile. La différence s’est faite là. Nous l’avons déjà fait en saison régulière. Je ne pense pas que nous sommes plus prudents, car nous abordons les matchs en voulant créer des occasions. Notre intention n’est jamais d’être défensifs.”
On ne parle pas de titre dans le vestiaire.
Et donc, où se trouve la différence ?
“Notre stade nous donne de l’énergie. Quand nous jouons à notre meilleur niveau, l’intensité est très haute. La différence est mentale, ce qui me fait dire que je ne doute pas qu’on pourra reproduire notre prestation du Lotto Park à l’extérieur.”
Commencez-vous à faire des calculs ?
“Personne ne le fait dans le vestiaire. Je pense même que je n’étais pas au courant du résultat de Bruges avant d’affronter le Cercle la semaine passée (sourire). Quand il ne restera qu’un match, on pensera différemment, mais toute l’équipe comprend que notre mentalité est de ne pas calculer. ”
Parlez-vous de titre dans le vestiaire ?
“Pas vraiment.”
Vous ne préparez donc pas la possible fête…
“Je n’ai pas reçu de carton d’invitation en tout cas. (rires)”
Vous avez été champion avec l’Ajax. Quel sentiment cela vous avait-il procuré ?
“C’est une combinaison de beaucoup d’émotions. La saison est toujours longue et la finir comme ça est juste incroyable.”
On vous verra peut-être plus démonstratif qu’à l’habitude même si vous semblez davantage célébrer vos buts depuis quelques mois…
“Je pense que c’est davantage une question de moment, car je l’ai aussi fait en début de saison. Je ne calcule pas trop, je me laisse porter par l’émotion du moment.”
Considérez-vous avoir la pression de celui qui doit amener le titre à Anderlecht ?
(Il réfléchit) “Ce n’est pas aussi binaire. J’ai beaucoup de responsabilités mais je ne suis pas le seul. ”
Êtes-vous celui qui peut amener un peu de calme dans cette équipe, peut-être en redescendant un peu dans le jeu ?
“J’ai déjà joué numéro 10. Peut-être que l’option existe dans la tête de Brian (Riemer), mais je ne décide pas.”
Il disait que la naissance de vos jumelles début octobre avait eu un impact sur vous, est-ce encore le cas ?
“J’ai eu de la chance avec elles. Elles vont bien et honnêtement je dors bien.”
Vous avez aussi été perturbé par un souci privé.
“Qui n’a rien à voir avec mes filles et qui n’a plus d’impact.”
Je finis les matchs vidé, mais je joue 90 minutes à haute intensité.
Brian Riemer nous a expliqué avoir eu une longue discussion avec vous concernant votre implication dans les matchs. L’effet est visible, mais comment avez-vous vécu ce changement ?
“Il était important que je m’adapte. J’ai eu de bonnes périodes cette saison et d’autres où je n’ai pas joué à mon vrai niveau. Mon plus gros point d’amélioration était l’intensité et donc indirectement comment être plus important dans le jeu. Je pense être sur la bonne voie, je suis meilleur physiquement qu’en début de saison, je cours plus et ça augmente mon impact sur le jeu. Je finis les matchs vidé, mais je tiens 90 minutes en jouant à haute intensité.”
On a pourtant l’impression qu’Anderlecht n’a actuellement pas un jeu pour vous mettre en valeur, que vous êtes souvent seul avec deux défenseurs sur le dos…
“C’est mon job. (sourire) Je ne rêve pas de jouer des matchs où je ne reçois que de longs ballons avec Burgess dans le dos, mais quand ils arrivent, je dois répondre présent. J’ai joué en combinaison la grande partie de ma carrière. J’ai appris à apprécier les matchs plus compliqués où je dois faire le sale boulot. Ça n’était pzas A Dreyer (18) !
“Cela m’importe peu. Il n’y a pas de compétition entre nous. Je suis content pour Anders. Il est très important pour nous. Il a de belles statistiques cette saison. Et c’est peu dire (rires).”
Vous lui avez plusieurs fois donné des assists. Prenez-vous autant de plaisir à la passe qu’en marquant ?
“Ce n’est pas aussi satisfaisant qu’un but, mais c’est aussi un aspect du jeu que j’apprécie.”
Êtes-vous satisfait de vos statistiques ?
“Je ne dois pas résumer mon jeu à cela car je me suis amélioré à d’autres niveaux mais si je suis honnête, j’aurais aimé être impliqué dans plus de buts. ”
Vous semblez parfois loin d’un attaquant typique, dans le sens où vous n’êtes pas obsédé par le goal et parfois trop altruiste…
“Je me réjouis toujours d’une victoire, même si je ne marque pas. J’en ai souvent parlé à mes entraîneurs. J’ai cette mentalité de buteur en moi, mais je dois être plus égoïste, penser davantage à moi. Je tends vers ça avec les années.”
Je ne me plains pas quand je reçois un coup. Je leur en donne aussi.
Est-ce aussi lié à votre personnalité ? Beaucoup s’étonnent du fait que vous ne vous énervez jamais sur l’arbitre ou sur un adversaire…
“Mon père m’a toujours dit qu’on ne reçoit rien en criant sur les gens. Et je ne pense pas que ça aide sur le terrain ou dans la vie.”
Et quand vous prenez un gros coup d’un adversaire ?
“Je leur mets aussi des coups durant le match. Cela fait partie du football. Si on me donne un coup, je le rends. Cela va dans les deux sens. Je ne dis pas qu’il faut agresser bêtement un joueur et prendre une carte rouge.”
Votre entraîneur est persuadé que vous atteindrez votre meilleur niveau la saison prochaine. Êtes-vous d’accord ?
“C’est mon objectif. Je savais que j’aurais besoin de temps pour m’adapter. Ça s’est fait facilement ici, mais je vois que je suis meilleur qu’en début de saison. Je suis convaincu que ça continuera la saison prochaine. ”
Parlez-vous parfois entre Danois de l’idée de rester ensemble à Bruxelles ?
“Oui, ça arrive, mais aucun de nous ne sait si c’est possible.”
Jouer la Champions League, en cas de titre, est une belle carotte…
“Ce serait surtout génial pour le club. En tant que joueur, je considère que c’est la plus belle compétition. Entendre l’hymne au Lotto Park serait incroyable.”