cyclismeAvec combien d’heures d’avance Pogacar va-t-il remporter le Giro ?

Giro 2024 : « Pogacar peut avoir le maillot rose tous les jours »… Avec combien d’heures d’avance Pogi va-t-il gagner ?

cyclismeFaute de concurrence, Tadej Pogacar est le grand favori du Tour d’Italie, qui commence ce samedi à Venaria Reale
La quinzième étape risque d'être un cavalier seul, avec le Mortirolo en prime.
La quinzième étape risque d'être un cavalier seul, avec le Mortirolo en prime. - Giro d'Italia / Montage 20 Minutes
Antoine Huot de Saint Albin

Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  • Alors que Jonas Vingegaard, Primoz Roglic et Remco Evenepoel pansent leurs plaies, Tadej Pogacar va prendre le départ du Tour d’Italie qui s’élance de Venaria Reale ce samedi.
  • Le champion slovène, qui dispute son premier Giro, sera le grand favori de l’épreuve.
  • Après ses démonstrations, notamment lors des Strade Bianche ou de Liège-Bastogne-Liège, « Pogi » peut-il vraiment mettre la concurrence à la rue ?

Geraint Thomas est du genre persévérant. Un an après avoir perdu le Tour d’Italie pour quelques secondes la veille de l’arrivée, après un chrono renversé par Primoz Roglic, le Gallois est bien décidé à sortir du Colisée, le 26 mai prochain, le pouce en l’air, sous les vivas de la foule. Seul problème, si le bourreau de l’an passé, occupé à se mettre de la bétadine tous les matins, n’est pas là, le gladiateur ultime Tadej Pogacar a décidé de venir faire ses armes dans la Botte.

Après avoir remporté quelques batailles sur les Strade Bianche ou le Tirreno, le Slovène compte bien conquérir le territoire entier. Et même si Geraint Thomas promet que, non, l’envahisseur n’a pas guerre gagnée d’avance (« On ne pense pas que la première place est inaccessible, au contraire »), difficile de croire qu’un baton puisse rivaliser avec un bazooka, surtout quand celui-ci a prouvé à moult reprises sa puissance depuis le début de l’année.

La concurrence à la maison

Alors, dans la foulée de sa dernière démonstration sur Liège-Bastogne-Liège remportée en pédalant avec une jambe, on ne se demande plus si Tadej Pogacar va remporter le Giro mais avec combien d’avance. Fera-t-il mieux qu’Ivan Basso, en 2009, qui avait relégué son dauphin, José Enrique Gutierrez, à plus de neuf minutes ? Mieux qu’Alfonso Calzolari, en 1914, qui avait mis près de deux heures à son premier poursuivant ?

« Il peut battre facilement le record de Basso, parce que derrière lui, ce n’est pas une concurrence forte, avec les Bardet, Thomas, Uijtdebroeks, Tiberi…, nous assure Eddy Mazzoleni, troisième du Tour d’Italie 2007. Pogacar, il a montré depuis plusieurs années qu’il est largement plus fort que ces gars-là. » Alors, sans les Vingegaard, Roglic et Evenepoel restés à la maison, calculons ensemble l’avance que va avoir Pogacar sur son second dans trois semaines à Rome.

Première étape, première banderille ?

Première étape du Giro
Première étape du Giro - Giro d'Italia

Et si Tadej Pogacar écrasait une course de trois semaines dès la première étape ? Un peu gros, diraient certains, mais fort probable selon Stefano Garzelli, vainqueur du Giro en 2000, joint par 20 Minutes : « C’est une étape qui peut se terminer au sprint en petit comité, parce que les ascensions de Superga et Maddalena sont dures. Mais, pour en avoir parlé avec lui, je sais que Filippo Ganna, qui est piémontais, aimerait beaucoup la gagner chez lui. Tout dépendra de comment Pogacar va vouloir grimper la Maddalena (7 km à 6,8 % à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée). »

Imaginez donc le champion de Slovénie partir seul dans la dernière ascension, comme il l’a fait dans Liège-Bastogne-Liège, pour assommer tout le peloton. Bonjour, au revoir, merci pour le suspense. « Oui, Pogacar peut avoir le maillot rose dès le premier jour et le garder jusqu’à la fin », estime Garzelli.

Notre prono : Pogacar fait rouler son équipe mais ne parvient pas à décramponner le reste des favoris. Il règle le sprint des favoris et prend quelques secondes de bonification.

Les chronos, vrais juges de paix ?

Le premier chrono lors de la 7e étape.
Le premier chrono lors de la 7e étape. - Giro d'Italia

Amis non spécialistes du contre-la-montre, préparez-vous bien. Le Giro a préparé deux longs chronos (de 40 et de 30 km), dont le premier, qui arrive à Pérouse, avec six derniers kilomètres en côte. Sympathique. « Ce n’est pas un Giro très dur, concède Stefano Garzelli, qui a reconnu toutes les principales étapes avant de les commenter pour la Rai. Moi, je pense que vraiment ça seront les deux chronos qui feront la différence et positionneront les coureurs pour le général. » « Sur les deux chronos, je ne me fais pas de soucis pour Pogacar, qui est vraiment bien sur ce genre d’exercice », ajoute Mazzoleni.

Le lendemain du premier chrono, la première grosse étape de montagne emmène les coureurs à Prati di Tivo, et une montée finale de 14 km à 7 % de moyenne. Suffisant pour s’échapper au général ? « Je crois que les intentions de l’équipe c’est de prendre le maillot de leader avant la huitième étape à Prati di Tivo et après de gérer tout ça », assure Garzelli.

Notre prono : Avant le premier contre-la-montre, Tadej Pogacar va remporter, à la surprise générale, l’étape de la veille, qui mène à Rapolano Terme. Un raidard à quatre kilomètres de l’arrivée (avec des passages à 20 %) va le faire sortir de sa torpeur et lui faire gagner quelques secondes. Lors des chronos, il mettra la concurrence à terre, en prenant plusieurs minutes d’avance, même si Geraint Thomas résistera plutôt bien.

Le triptyque de l’enfer

La 15e étape avec le Mortirolo en prime
La 15e étape avec le Mortirolo en prime - Giro d'Italia

Oubliez la deuxième semaine, où pas grand-chose ne devrait se produire, et préparez-vous pour un trio à vous donner envie de raccrocher le vélo pour de bon. Réservez quelques jours pour assister aux 15e, 16e et 17e étapes. En entrée, bien que loin de l’arrivée, le Mortirolo (12,6 km à 7,6 %) devrait mettre bon nombre de favoris dans le dur, avant de conclure en beauté à Livigno.

« L’étape de Livigno, ça va être très dur, avec 220 km. Je connais le final, avec les deux derniers kilomètres, qui sont à 19 % de moyenne, ça va être compliqué, surtout avec l’altitude, où on est à 2.000 m, détaille Mazzoleni. Je pense même que Pogacar est capable d’attaquer, mais ça dépendra un peu de l’avance sur le deuxième qu’il aura à ce moment-là. »

« Les arrivées au Monte Pana (16e étape), qui passe par le Stelvio, en espérant qu’elle se fasse parce qu’il y a beaucoup de neige, et Passo del Brocon (17e) seront aussi importantes, reprend Garzelli. Mais tout ce Giro dépend de Pogacar, de sa gestion de la course, de la gestion de l’équipe UAE. Pour moi, son objectif n’est pas de gagner tout ce qu’il veut avec le plus d’écart possible, mais de penser à son autre objectif, le Tour de France. Pour moi, son Tour d’Italie va se faire en trois temps : aller chercher le maillot rose, gagner du temps, gérer tout ça. »

Notre prono : Pogacar remportera aisément l’étape de Livigno avec deux minutes d’avance minimum sur les principaux « favoris ». Les deux autres grosses étapes de montagne lui serviront à gérer, il perdra du temps sur quelques gros coureurs, mais sans danger pour le général.

Le bouquet final

La 20e étape.
La 20e étape. - Giro d'Italia

A la veille de l’arrivée à Rome, les coureurs finiront par la double ascension du Monte Grappa (18,2 km à 8,1 %). Pogacar pourrait se donner un petit défi de reprendre tout le peloton dans la deuxième ascension. « Pour moi, s’il a déjà une avance conséquente (avec deux trois minutes), il restera tranquille lors de la 16e et 17e étape et attendra les Monte Grappa, qui est une montée très compliquée, pour en remettre une couche. »

Notre prono : Trois minutes d’avance à l’arrivée pour Tadej Pogacar, qui voulait finir ce Giro en beauté. Quatre victoires d’étapes au total pour le Slovène et sept minutes d’avance au total. Suffisant pour ne pas être entamé avant le Tour de France. Là, avec Vingegaard, Roglic, Evenepoel, et même son coéquipier Ayuso, l’affaire sera différente. Normalement.

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