RugbyMais c’est quoi ces scores de NBA en coupe d'Europe de rugby ?

Stade Toulousain-Harlequins : Est-ce qu’on va encore avoir un score de NBA, et surtout est-ce qu’on en a envie ?

RugbyLa compétition a accouché de quarts de finale très prolifiques
Le Stade Toulousain d'Antoine Dupont, Paul Costes et Romain Ntamack a inscrit neuf essais contre les Anglais d'Exeter, lors du quart de finale le plus prolifique de l'histoire de la Champions Cup, le 14 avril au stade Ernest-Wallon.
Le Stade Toulousain d'Antoine Dupont, Paul Costes et Romain Ntamack a inscrit neuf essais contre les Anglais d'Exeter, lors du quart de finale le plus prolifique de l'histoire de la Champions Cup, le 14 avril au stade Ernest-Wallon. - Valentine Chapuis / AFP / AFP
Nicolas Stival

Nicolas Stival

L'essentiel

  • Après des quarts de finale record, les demi-finales de Champions Cup ont démarré sur un rythme moins échevelé, avec le succès des Irlandais du Leinster sur les Anglais de Northampton samedi (20-17).
  • Ce dimanche (16 h), c'est au tour du Stade Toulousain de viser une place en finale face aux Anglais des Harlequins.

Qui a dit ? « Les phases finales, c’est différent. Tout peut arriver, ce sont des matchs beaucoup plus serrés. » La question n’est pas facile, puisque n’importe quel sportif adepte de la langue de séquoia, qu’il s’adonne au football ou au quidditch, peut pondre ce genre de phrases passe-partout.

Inutile de vous creuser les méninges, la réponse est introuvable si vous ne connaissez pas Stephan Lewies, le capitaine des Harlequins, attendus dimanche dans la Ville rose pour y défier le Stade Toulousain en demi-finale de Champions Cup. Et sans vouloir se fâcher avec le 2e ligne sud-africain du club anglais – il fait quand même 113 kg pour 1,98 m – on peut dire qu’il a sûrement déjà été plus inspiré que mardi en conférence de presse.

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Si trois des huitièmes de finale de la compétition s’étaient terminés sur un écart inférieur à un essai transformé, seul un quart de finale, celui perdu par l’Union Bordeaux-Bègles face aux « Quins » justement (41-42), a poussé le suspense jusqu’au bout. Les autres scores ? 40-13 (Leinster – La Rochelle), 59-22 (Northampton – Bulls) et 64-26 (Toulouse – Exeter). Ce qui frappe surtout, c’est l’avalanche de points (307) et d’essais (43) qui a déferlé sur les quatre pelouses.

Un record de points battu deux fois en deux jours

Le record du quart le plus prolifique de l’histoire de la compétition a été établi à Bordeaux le 13 avril, avant d’être battu dès le lendemain à Toulouse. Et on peut penser que la demie de dimanche, entre l’équipe d’Antoine Dupont et celle de l’artiste anglais Marcus Smith, devrait également bien faire tourner le compteur. Lors du match de poule opposant les deux formations, en décembre, les Rouge et Noir étaient allés fesser les Londoniens (19-47).

« Je pense que ce sera peut-être plus varié que ce que l’on peut croire, prévient Erik Bonneval, qui commentera l’affiche pour beIN Sports. Ça ne va pas être du "hourra-rugby", ça va jouer beaucoup mais je pense qu’il y aura un gros affrontement devant. En quart de finale, j’ai vu des Harlequins très solides, qui n’ont pas uniquement des feux follets dans leur ligne de trois-quarts. Mais oui, c’est le propre de la Champions Cup : les équipes jouent pour gagner. Elles ne calculent pas pour savoir si le week-end d’après elles seront fatiguées ou pas. »

Attention : il ne s’agit pas ici de dire que le Top 14 se résume à un championnat de gagne-petit où l’enjeu écraserait le jeu, entre espoirs de phases finales et peur de la relégation. Mais comme l’indique l’ouvreur toulousain Romain Ntamack, « en Coupe d’Europe, ce sont des matchs plus ouverts ».

« Je pense qu’en Champions Cup, la défense est un peu moins efficace que sur les matchs de championnat, poursuit l’entraîneur des avants stadistes Virgile Lacombe. Que ce soit les Harlequins ou Exeter, ce sont des formations qui cherchent à mettre du volume de jeu. Pour cela il faut tenir le ballon, avec peut-être moins de jeu au pied et plus de volonté de créer du volume. »

Les pénaltouches plutôt que les buts de pénalité

Tenter une pénalité est presque devenu une hérésie au niveau continental (oui on sait, il y a aussi les franchises sud-africaines maintenant). Exeter, sacré en 2020 grâce à son art du ballon porté derrière pénaltouches a fait des émules (cf. aussi le XV d’Angleterre féminin). Et souvent, ça fait cinq points (voire sept en cas de transformation réussie) plutôt que trois points marqués, tant ce type de combinaison est compliqué, voire impossible, à défendre quand il est bien exécuté.

Pour en revenir aux quarts de finale, seuls 36 des 307 points inscrits l’ont été sur des pénalités, et les rencontres UBB – Harlequins et Northampton – Bulls n’ont accouché chacune que d’un but réussi.

Un arbitrage en faveur de l’attaque

Erik Bonneval pointe un autre facteur. « Les règles ont évolué, l’arbitrage favorise l’attaque, observe l’ancien centre ou ailier international du Stade Toulousain. La différence entre le Top 14 et la Coupe d’Europe, c’est que l’équipe la plus arbitrée est celle qui défend. Celle qui prend l’initiative, qui produit du jeu, va être favorisée. »

C’est ainsi que le 3e ligne stadiste Jack Willis a pu être surpris, lors de la première mi-temps du quart de finale face à Exeter, de ne pas voir ses « grattages » recompensés comme ils l’auraient été à coup sûr en championnat. « Quand tu n’as pas le ballon, tu as intérêt d’être très propre dans tout ce que tu fais », reprend Bonneval.

Marcus Smith, l'ouvreur des Harlequins, lors de la victoire à Bordeaux face à l'UBB en quart de finale de la Champions Cup (41-42), le 13 avril 2024.
Marcus Smith, l'ouvreur des Harlequins, lors de la victoire à Bordeaux face à l'UBB en quart de finale de la Champions Cup (41-42), le 13 avril 2024. - Daniel Vaquero / Sipa

Alors forcément, le tableau d’affichage s’affole et certains puristes s’insurgent devant des totaux qui prennent parfois des allures de scores de basket. Après tout, notre pays, grâce au talent de plumes d’exception et à l’absence de télévision, a hissé au rang de légende un incroyable 0-0 entre les Bleus et l’Afrique du Sud, en 1961.

Les nostalgiques ont tort

« S’ils ont oublié, on va leur remettre un match où il y a 6-3 à la mi-temps, s’amuse le consultant de beIN Sports. Je ne suis pas sûr que ça leur fasse plaisir, avec seulement du jeu au pied et du rugby en mode "je gère, je ne prends pas de risques, je ne me fais pas trois passes car on ne sait jamais, ça peut être dangereux". »

Mais que les inquiets qui craignent de voir le jeu à XV devenir une sarabande infernale façon rugby à VII se rassurent : il faudra toujours des avants performants pour fixer l’adversaire et permettre aux trois-quarts de faire « chanter le cuir », comme on disait du temps où les 6-3 et les 9-6 pullulaient dans un championnat à 80 clubs.

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