Leko a bloqué ses joueurs 1h30 dans le vestiaire après le match : le Standard a touché le fond à Louvain
Les Liégeois ont perdu (3-1) mais ont surtout montré un niveau de jeu et une mentalité affligeants. Ivan Leko a obligé les joueurs à parler dans le vestiaire pendant près d'une heure et demie.
- Publié le 06-05-2024 à 06h41
Il n’y a pas de mot suffisamment fort pour résumer l’après-midi passé par le Standard sur la pelouse de Louvain. En temps normal, il serait aisé d’expliquer que le club est en crise et doit rapidement se remobiliser pour proposer un visage davantage en adéquation avec son statut national. Aujourd’hui, cette description ne semble même plus suffisante pour qualifier la parodie de football jouée à Den Dreef.
Les Liégeois ont ressemblé à de simples spectateurs alignés sur un terrain bien trop grand pour eux. Ils ont perdu tous leurs duels, raté des contrôles de balle élémentaires et, surtout, subi les événements sans jamais essayer de se révolter. Contre un adversaire heureux de pratiquer un jeu construit et réfléchi, le contraste était saisissant. “J’espère que les joueurs comprennent la situation. Avant de signer ici, j’ai pris des informations sur le club et compris que le plus important était que les joueurs donnent tout sur la pelouse. Mais, ils ne l’ont pas fait. J’en arrive à la conclusion que Louvain était plus motivé que nous. C’est un échec pour nous tous, et je m’inclus dedans”, regrettait Ivan Leko.
Le coach croate n’a pas supporté ce spectacle. Après la rencontre, il a fermé les portes de son vestiaire et demandé à chaque joueur s’il était content de sa prestation et de se justifier en trois minutes. Cette mise au point a duré pendant près d’une heure et demie, sans que personne ne reçoive l’autorisation de l’interrompre. “Nous avons parlé entre nous pour que chacun explique où se trouve, selon lui, le problème. Ce qui s’est dit ? Je préfère que ça reste entre nous. Nous avons entendu beaucoup de choses… car il y a beaucoup de problèmes. Tous ne seront pas résolus immédiatement mais c’est déjà bien d’en parler”, commentait Marlon Fossey.
Ivan Leko n’en dira pas davantage. “Je leur ai demandé ce qu’ils pensaient. Cette prestation était une honte. OK, il y a des joueurs prêtés, des jeunes mais ces dernières semaines, j’ai vu une équipe sur le terrain qui méritait davantage que les résultats obtenus. Aujourd’hui, cela n’a pas fonctionné dès la première minute. Même notre but est un coup de chance. Il existe des excuses mais quand on monte sur le terrain, il faut former un bloc soudé, montrer de la passion et se battre pour cet écusson”, reprenait Ivan Leko.
Cette prestation ne va pas ramener du positivisme en bord de Meuse. Les problèmes financiers et la situation trouble autour de 777 Partners pèsent dans les têtes, d’autant qu’ils ternissent également l’avenir à court terme du club. Ce ne sont pas quelques transferts qui permettront au Standard de retrouver de l’ambition, c’est toute une équipe qui doit être recrutée car, à l’heure actuelle, aucun joueur ne semble en mesure de prendre du galon. “Les playoffs 2 sont particuliers. D’un côté, on veut des résultats et d’un autre, on souhaite donner une chance aux jeunes. Parfois, les meilleurs joueurs à l’entraînement ne sont pas titularisés le week-end car il faut toujours calculer. Et quand on fait de la politique en football, voilà ce que ça donne.”
Cette déclaration peut surprendre mais comme le coach l’a expliqué vendredi, en conférence de presse, il ne peut se permettre d’aligner dix jeunes et de perdre par trois buts d’écart. Cela ne rendrait service ni au club, ni aux espoirs. “Si je n’étais plus motivé, soyez certain que je ne serais pas si déçu et triste. Si nous travaillons dans le milieu du foot, c’est parce que cela représente notre vie et notre amour. Tout ce que tu dois faire, c’est bien jouer pour que tout le monde te félicite. C’est tout ce que tu veux. Aujourd’hui, je serais prêt à payer pour gagner.”
L’ambiance, vendredi soir, contre Westerlo risque d’être tendue. Car les supporters, présents en nombre à OHL, n'ont pas caché leur mécontenement au coup de sifflet, à un point tel que les joueurs n'ont pas osé les approcher. Une réaction d’orgueil est attendue. Mais les joueurs en ont-ils encore ?