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Mbappé, le mal est profondeur

Par Julien Faure

Obligé de gagner au Parc contre Dortmund pour voir Wembley et la finale de Ligue des champions, le Paris Saint-Germain aura besoin d’être plus performant dans la profondeur pour inquiéter la défense allemande. Un registre dans lequel Kylian Mbappé devra faire plus mal qu’à l’aller.

Mbappé, le mal est profondeur

Paris était pourtant prévenu : les longs ballons dans le dos de la défense, c’est une arme majeure du Borussia Dortmund. La relation entre Mats Hummels et Julian Brandt avait émerveillé le Westfalenstadion face à l’Atlético de Madrid, celle entre Nico Schlotterbeck et Niclas Füllkrug a pris la relève mercredi dernier, à l’occasion de la demi-finale aller. Côté PSG, on s’attendait à ce que les flèches Bradley Barcola, Ousmane Dembélé et surtout Kylian Mbappé mettent au supplice une défense allemande présentée comme trop lente pour gérer la profondeur. Non seulement, Paris n’a que peu usé de celle-ci, mais le BvB s’est en plus adapté. Hummels et Schlotterbeck ont surveillé la pointe parisienne comme le lait sur le feu, quand Ian Maatsen et Julian Ryerson ont été parfaitement soutenus par Jadon Sancho et Karim Adeyemi sur leurs côtés respectifs.

Il n’est pas question d’enlever du mérite à la rigueur de cette équipe de Dortmund, mais elle a aussi eu l’avantage de ne pas tomber sur des attaquants parisiens très inspirés, même si le PSG a eu les situations pour marquer. Le manque de percussion de Barcola, le positionnement axial de Dembélé et les appels très relatifs de Mbappé ont facilité la tâche d’un Borussia bien rodé. Le retour sur le côté droit du numéro 10 en deuxième période avait permis à Paris d’étirer le jeu et de se projeter un peu plus dans la profondeur, mais la descente progressive du bloc allemand a limité les solutions, Fabian Ruiz étant le seul à proposer des courses profondes et dans le dos de la défense, sans réussite. Ce sera l’une des clés de la manche retour, mardi soir, et l’un des défis de Mbappé pour briller et faire gagner son équipe, cette fois.

Le modèle d’Anoeta

C’est dans ce registre que le PSG avait malmené Dortmund en phase de poules, notamment en Allemagne, où le BvB avait accroché le nul (1-1) grâce au manque de réalisme criant de son adversaire. C’est aussi dans ce registre que Mbappé s’était distingué dans une soirée où Niklas Süle avait signé l’un des sauvetages de l’année. Le champion du monde avait ouvert le score, avant d’être signalé en position de hors-jeu, puis il avait été impliqué sur l’égalisation de Warren Zaïre-Emery. Sa meilleure prestation depuis le début de la phase finale est indéniablement le match retour à San Sebastián, où il avait pilonné la défense de la Real Sociedad d’appels en profondeur. Signalé hors jeu à cinq reprises, son plus haut total en Europe cette saison, il avait surtout été l’auteur d’un doublé fracassant, sur deux buts amenés par deux appels dans le dos de la défense basque. Le fruit, aussi, d’une liberté de mouvement capitale, aux côtés de Barcola et Dembélé, alors improvisé meneur de jeu.

Un match lors duquel il avait pu enchaîner les appels depuis le côté gauche, son poste préférentiel. C’est dans cette position que Mbappé s’est créé ses meilleures occasions cette saison sur la scène européenne, en partant de loin et souvent après un appel en profondeur. Longtemps bénéficiaire du gros volume de jeu de Zaïre-Emery, il souffre maintenant de son repositionnement dans l’axe, mais aussi de la baisse de régime du néo-international tricolore, personne n’ayant pris son relais dans l’entrejeu parisien. Au contraire, Vitinha s’est étoffé et a pris une dimension nouvelle, dans un rôle de sentinelle. La qualité de son jeu long – qui aurait pu faire mouche à Dortmund – doit aussi permettre à Mbappé de faire parler sa vitesse dans les espaces et dans le dos de la défense du Borussia.

Position, surface et défense

C’est aussi là que le bât blesse pour Paris, qui n’a pas su faire mal sur ces phases de jeu à l’aller. Sauf peut-être lorsqu’il a trouvé par deux fois le poteau sur la même action, comme un symbole. Dans sa position axiale, Mbappé a souvent été touché en pivot ou comme rampe de lancement des contre-attaques. Un rôle qui semble moins convenir à ses qualités. C’est par exemple lui qui a lancé Ousmane Dembélé ou Achraf Hakimi sur le côté droit. On aurait aimé le voir plus souvent à leur place, se retrouvant en un contre un face aux centraux adverses, dont la science du placement ne doit pas suffire à éteindre un joueur de ce calibre et aussi rapide. Sans rechigner à servir de point d’appui à une trentaine de mètres du but adverse sur attaques placées, il a manqué de tranchant (et de présence) dans la surface adverse.

Pourtant libre sur le front de l’attaque, comme l’a répété plusieurs fois son coach depuis qu’il l’a recentré, Mbappé semble cantonné à un rôle tactique assez limitant, ou qu’il n’embrasse pas pleinement. Au niveau des statistiques, son rendement est légèrement supérieur quand il est dans l’axe en Ligue des champions (5 buts en 5 matchs, contre 3 réalisations en 6 rencontres à gauche), mais il inquiète moins les défenses dans cette position. Il préfère demander les ballons dans les pieds plutôt que de lancer des appels courts dans les 16,50 mètres, tentant aussi de jouer dans les petits espaces, comme lorsqu’il a lancé Dembélé dans le dos de l’arrière-garde du BvB à l’aller.

Je veux que l’attaquant touche le ballon dans les zones critiques et c’est difficile. Je veux qu’il aille le toucher là où il est dangereux.

Luis Enrique

Reste la question de sa fuite de la surface, une zone dans laquelle il sait se montrer dangereux en déstabilisant les défenseurs adverses. Il l’avait totalement abandonnée lors de son dernier match de championnat contre Le Havre (39 ballons touchés, aucun dans la surface adverse, après son entrée en jeu à la pause). À Dortmund, ses trois frappes sont venues de l’intérieur de la surface (9 ballons touchés). Depuis les huitièmes de finale, il a eu 50 fois le cuir entre les pieds dans cette zone décisive, pour un total de 19 tirs tentés. C’est là qu’il peut faire la différence et jouer son rôle, celui d’être le détonateur. « Je ne veux pas que l’attaquant aille chercher le ballon au milieu de terrain, expliquait son entraîneur Luis Enrique. Je veux que l’attaquant touche le ballon dans les zones critiques et c’est difficile. Je veux qu’il aille le toucher là où il est dangereux. »

Dangereux, Kylian Mbappé l’est donc dans la surface et sur le côté gauche. En tout cas, il peut l’être. Sa position sur le terrain ne peut pas expliquer ses ratés, ses performances sans relief, on attend autre chose d’un joueur de sa trempe et on l’espère capable de s’adapter à différents postes ou différentes problématiques. L’entrée de Randal Kolo Muani la semaine dernière, plutôt que Gonçalos Ramos, en pleine confiance, s’explique aussi par une crainte légitime chez Luis Enrique de voir Mbappé négliger les efforts défensifs en cas de basculement côté gauche, où Nuno Mendes a vécu un calvaire face à Jadon Sancho. « On demande aussi aux attaquants qu’il y ait peu de ballons qui arrivent en défense, a rappelé Luis Enrique en conférence de presse à la veille du match retour. On est tous une équipe et tout le monde joue d’un instrument. » Un message que doit recevoir Mbappé, qui devrait vivre ce mardi soir sa dernière sortie européenne dans un Parc des Princes que l’on annonce chaud bouillant. Dans l’axe ou à gauche, le numéro 7 parisien devra faire passer l’histoire de son club avant la sienne, pour se rapprocher d’un Graal qu’il n’a encore jamais remporté.

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07 Kylian MBAPPE (psg) during the Ligue 1 Uber Eats match between Paris and Toulouse at Parc des Princes on May 12, 2024 in Paris, France.(Photo by Anthony Bibard/FEP/Icon Sport)   - Photo by Icon Sport
07 Kylian MBAPPE (psg) during the Ligue 1 Uber Eats match between Paris and Toulouse at Parc des Princes on May 12, 2024 in Paris, France.(Photo by Anthony Bibard/FEP/Icon Sport) - Photo by Icon Sport
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