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Devant les sénateurs, Roussier s'en prend à Labrune et au deal CVC-LFP

Jean-Michel Roussier a été auditionné ce mardi dans le cadre de la mission d’information sur le rôle des fonds d’investissements dans le football professionnel français. L'actuel président du Havre est revenu longuement sur le deal CVC conclu il y a deux ans et qui ne cesse de faire grogner.

Dans le cadre de la mission d’information sur le rôle des fonds d’investissements dans le football professionnel français, les sénateurs de la commission culture, éducation, communication et sport ont entendu pendant 1h30 Jean-Michel Roussier, actuel président du Havre et ancien directeur éditorial de la chaîne Telefoot créée par Mediapro.

Sur la période du crash financier de Mediapro, Roussier a admis que la santé financière des clubs français était "très compliquée, surtout pour ceux avec une importante masse salariale. Il y avait une grande souffrance économique". Malgré ce contexte il déplore que la LFP ait "chassé" Mediapro sans accepter de négocier à la baisse le contrat avec la société espagnole. "C’est un grand mystère pour moi. C’est une décision incompréhensible".

Le deal CVC dans le viseur

Sur le volet de la création de la société commerciale et le deal avec CVC, Roussier a expliqué que la présentation faite aux clubs n’a pas été exhaustive et qu'"il manquait des documents essentiels qui expliquent notamment toute la mécanique financière qui lie la Ligue à CVC."

Il a aussi déploré que toutes les réunions du CA se soient tenues en visio, ce qui empêchait tout débat selon lui. "La notion d’urgence et la pression mise par Vincent Labrune sur les clubs pour ne pas être les ‘fossoyeurs’ du foot français a beaucoup joué pour obtenir l’unanimité des votes voulus par CVC", a ajouté Roussier.

Interrogé par Michel Savin, le rapporteur de la mission d’information, sur un éventuel conflit d’intérêt dans le fonctionnement de la LFP, Roussier a répondu que "la ligue a toujours fonctionné par conflit d’intérêt" et que cette notion a "toujours existé", concédant que "depuis que Nasser Al-Khelaifi (il est président du PSG et pilote BeIn Sport, NDLR) est au CA de la LFP, ça l’est encore plus". "Par rapport à Vincent Labrune, je n’en ai aucune idée. Ce que je constate simplement, c’est que le bonus qu’il a perçu sur le deal CVC est le double de ce que le HAC a touché du fonds", a-t-il poursuivi.

Concernant les négociations actuelles, Jean-Michel Roussier estime qu'il "faut surtout un diffuseur. Chasser Mediapro a eu un effet désastreux. Reproduire une erreur du passé serait catastrophique. Le foot français a-t-il les moyens de se priver de la volonté de l’émir du Qatar et du président de la République? Bien sûr que non. L’augmentation des droits internationaux va profiter au PSG. Mais il faut que les autres clubs puissent continuer à exister."

"J'utiliserai toutes les voies de recours possibles"

Les sénateurs ont voulu aussi avoir son regard sur le fait que la FFF ou même l’Etat ne s’est pas manifesté suite à ce deal avec CVC. "Je considère que l’ensemble de cet accord va à l’encontre des intérêts supérieurs du foot français (ndlr : rappelons que Roussier juge injuste que le HAC n’ait touché que 1,5 millions de la part de CVC et dénonce la répartition établie)", a confié Roussier, qui dit s'en être ouvert au président de la FFF et ne compte pas en rester là.

"J’utiliserai toutes les voies de recours possibles pour faire valoir les droits du HAC", a-t-il affirmé. "La FFF aurait dû se saisir de la décision de la Ligue de signer avec CVC. Elle n’a pas voulu le faire. Quant à l’Etat, s’il doit avoir un rôle protecteur envers les clubs français alors il ne remplit pas sa mission. Mais je ne suis pas suffisamment au fait de ce que doit être son rôle vis-à-vis des clubs."

Les sénateurs ont programmé d’autres auditions dans la semaine du 20 mai en convoquant Christophe Bouchet, Jaume Roures, Marc Sénéchal et Jean-Marc Mickeller.

LP avec Loic Briley